Retour sur le colloque de Morat 2025

Le sens, les attentes, la mission : Quelles sont les nouvelles formes d’engagement des professionnel·le·s ?

Alors que les institutions sociales et de pédagogie spécialisée font face à une pénurie persistante de personnel qualifié et à une intensification des exigences du terrain, la question de l’engagement professionnel devient centrale. Comprendre les ressorts de cet engagement, l’encourager et le soutenir durablement constitue un enjeu majeur pour garantir la qualité de l’accompagnement proposé aux enfants, aux jeunes et à leurs familles. Le colloque de Morat 2025 a réuni expert·e·s, directions et responsables autour de quatre axes clés.

1. Le sens comme fondement de l’engagement

Romain Descloux a rappelé l’importance du sens comme moteur de santé professionnelle, particulièrement lorsque les conditions de travail deviennent fragilisantes. Le sens est pluriel, subjectif et évolutif : il peut émerger de l’accomplissement d’une action juste, d’une expérience signifiante ou d’une attitude digne face à l’adversité, comme l’a montré Viktor Frankl.
Créer des espaces institutionnels où les équipes peuvent penser ensemble leurs pratiques apparaît ainsi comme une condition indispensable pour nourrir cet ancrage.

2. L’expérimentation comme levier de mobilisation

La Social Team Academy a proposé un modèle innovant qui s’appuie sur l’apprentissage par l’expérience, le droit à l’erreur et la transformation des rôles traditionnels. Cette approche, basée sur des projets concrets menés par les étudiant·e·s, ouvre des perspectives inspirantes pour les institutions sociales : structurer des cadres sécurisants tout en laissant place à l’initiative, à l’autonomie et à la créativité permet de renforcer l’engagement individuel et collectif.

3. Replacer les bénéficiaires au cœur de l’action sociale

Roland Janvier a souligné l’importance de revisiter la relation aidant–aidé·e afin d’aller vers une logique de co-création et d’apprentissage réciproque. L’« aller-vers » constitue un outil puissant pour renforcer le pouvoir d’agir des personnes accompagnées, dépasser certaines contradictions structurelles et redonner sens à la mission institutionnelle.
Repenser les modalités d’accompagnement à partir des besoins réels et du contexte de vie des bénéficiaires représente également un levier politique essentiel.

4. Comprendre les perceptions du risque pour prévenir l’épuisement

Avec Emmanuelle Rosa, les participant·e·s ont exploré la perception du risque et le fonctionnement du système nerveux à travers l’approche Somatic Experiencing. Les déclencheurs de stress, rapides et souvent inconscients, diffèrent d’une personne à l’autre. Mieux reconnaître ces signaux, les partager en équipe et adapter les cadres de travail contribue à prévenir le désengagement et le burn-out, tout en favorisant des dynamiques collectives plus saines.

Perspectives

Les échanges ont mis en évidence des pistes transversales : préserver des espaces pour penser le sens de l’action, développer des structures favorisant l’expérimentation et la participation, soutenir une relation de proximité ajustée avec les bénéficiaires, et accorder une attention fine aux dimensions émotionnelles du travail en équipe.
Autant d’éléments essentiels pour renforcer durablement l’engagement des professionnel·le·s et consolider la qualité de l’accompagnement.

 

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