Troubles du comportement social chez les filles - étude
par Christina Stadler
Une étude soutenue par l'Union européenne (cf. www.femNAT-cd.eu) a porté sur les mécanismes à l'origine de troubles du comportement social observés chez des filles et des jeunes femmes (âgées entre 9 et 18 ans). Bien que le diagnostic de troubles du comportement social soit plus fréquent chez les garçons que chez les filles, les filles concernées présentent en règle générale un niveau d'agressivité comparativement plus élevé que les garçons.
D'autre part, les filles ayant des modes comportementaux agressifs et antisociaux présentent, en comparaison avec les garçons, un risque nettement plus élevé de développer des troubles anxieux et dépressifs ainsi qu'un syndrome de stress post-traumatique. Il s'agit là des premiers résultats, non encore publiés, de l'étude femNat-CD. Ces résultats concordent avec des résultats précédents (p. ex. Zoccolillo, 1993)* - des constats qui indiquent clairement la nécessité d'appliquer, dans le domaine de l'aide à la jeunesse, des concepts spécifiques en fonction du sexe.
Options thérapeutiques et mesures adéquates à prendre par l'aide à la jeunesse
La fréquence des dépressions ou des troubles anxieux peut atteindre 70% chez les filles ayant des troubles du comportement social. Elles présentent donc un risque deux fois plus élevé que les filles sans symptomatologie agressive. Cela signifie, malgré la présence moins fréquente de troubles du comportement social chez les filles que chez les garçons, que les filles sont plus fortement atteintes notamment par des problèmes psychiques associés.
Lors de la Conférence internationale du 26 janvier 2018, où des chercheuses et chercheurs ont présenté les premiers résultats de l'étude concernant les mécanismes neurobiologiques et psychosociaux des troubles du comportement social, le débat public a également porté sur des mesures permettant d'agir contre une aggravation de l'évolution. Il a été souligné que les moyens de traitement aussi bien thérapeutiques que pédagogiques devraient être adaptés aux risques spécifiques des filles et garçons, également dans le domaine de l'aide résidentielle à la jeunesse. La professeure Sigrid James, une experte internationale pour toutes questions liées à l'efficacité des mesures mises en œuvre par l'aide à la jeunesse, s'est prononcée avec force notamment pour le développement d'institutions à caractère familial. Elle a en outre mis l'accent sur le fait qu'il existe des études pertinentes dont il ressort quels sont les concepts thérapeutiques efficaces et propices à favoriser une évolution positive chez les jeunes ayant des troubles comportementaux. Il est par conséquent souhaitable de poursuivre, dans le domaine de l'aide à la jeunesse, la mise en œuvre de concepts spécifiques en fonction du sexe dont l'efficacité a été démontrée.
» La professeure Christina Stadler, Dr phil. et Dr méd., est responsable du département de la recherche au sein de la Clinique psychiatrique pour enfants et adolescents KJPK (Cliniques universitaires de psychiatrie UPK) Bâle.
» Informations concernant le projet femNAT-cd (en allemand)
» Cet article a été publié pour la première fois en avril 2018 dans la newsletter du groupe de travail des directrices et directeurs d'institutions pour adolescentes LIwJ.
Literature
Sigrid James (2017). Implementing evidence-based practice in residential care: How far have we come. Residental Treatment for children and youth, 34, 155-175.
Zoccolillo, M. (1993): Gender and the development of conduct disorder. Development and Psychopathology, 5:65-78.