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Recul des placements en homes pour filles

Les responsables d'institutions accueillant des adolescentes (LIwJ) assistent depuis quelques années, dans toute la Suisse, à un recul du nombre de placements en institutions résidentielles réservées aux filles. Aujourd'hui, on renonce parfois à un tel placement, même dans les cas où il serait en fait indiqué. La qualité des placements pâtit de la pression économique subie par les institutions qui, parallèlement, se voient de plus en plus souvent obligées de légitimer leur travail.

Depuis quelques années, bon nombre de foyers pour enfants et adolescents constatent une baisse du nombre de placements. Il pourrait s'agir d'une bonne nouvelle,  si la cause de cette baisse résidait véritablement dans un recul des placements nécessaires. Or à y regarder de plus près, la situation s'avère un peu plus compliquée: les responsables de foyers constatent que les placements ont tendance aujourd'hui à être reportés trop longtemps, pour des raisons de coûts ou parce que l'on croit, à tort, que le placement en milieu institutionnel est une solution de dernier recours. Les foyers accueillant des adolescentes observent en outre que les personnes chargées des placements souvent ne se posent pas la question de la nécessité d'un placement selon le sexe.

Les demandes de placements finissent sur les bureaux des directions de foyers ou de leurs responsables éducatifs. Poser l'indication d'un placement fait partie des tâches quotidiennes d'un/e responsable d'institution. Ce travail, tout comme les échanges avec les instances de placement, mettent clairement en évidence que les éducateurs sociaux et éducatrices sociales se posent de moins en moins souvent la question de savoir si un placement selon le sexe est nécessaire, et pour quelles raisons. S'ajoute à cela le fait que les responsables des centres de formation professionnelle résidentiels doivent adapter les concepts de leurs institutions, qui pâtissent d'un taux d'occupation trop faible, conduisant souvent à accueillir désormais aussi des filles. Il peut en résulter un manque de réflexion préalable approfondie sur les conséquences de la mixité, et que les dimensions spécifiques du genre et de la protection des jeunes filles ne soient pas garanties dans tous les cas.

Aux LIwJ, nous considérons que le cadre co-éducatif n'est pas propre à offrir le soutien pédagogique nécessaire aux adolescentes, notamment pour les adolescentes victimes de violence liée au genre. La priorité revient à la rentabilité, qui prime ainsi sur le professionnalisme socio-éducatif et sur le soutien pédagogique spécifiquement adapté aux filles. Ce type de considérations a par exemple abouti à la décision de ne pas renouveler le contrat de prestations avec le Foyer scolaire Wolfbrunnen (à Lausen, BL), et à obliger l'organisme responsable à fusionner avec d’autres foyers. Or, l'organisme responsable du foyer Wolfbrunnen a opté pour une fusion avec le Kinderheim auf Berg à Seltisberg (BL). Cela a au moins permis de maintenir le lieu d'implantation du foyer Wolfbrunnen et de conserver l'espace de vie personnel des jeunes femmes du Wolfbrunnen.

Cette évolution a pour effet de contraindre les institutions pour filles et jeunes femmes à justifier leur existence et de les soumettre à des pressions financières. Ainsi des ressources, affectées au travail de lobbying et de légitimation, manquent ensuite au travail directement effectué auprès des résidantes.

La question de savoir pourquoi le soutien pédagogique des filles prend tout son sens et pourquoi l'éducation mixte relègue souvent les filles au second plan a fait l'objet de nombreuses études. S'agissant d'adolescentes vivant en foyer, on peut affirmer que si elles ont vécu des traumatismes dus à des violences physiques, psychiques ou sexuelles, un placement dans un foyer réservé aux filles leur offre la protection et un espace préservé dont elles ont besoin. Les institutions pour filles leur permettent en outre de s'inscrire dans leur rôle de femmes. Par ailleurs, le soutien scolaire spécifique dont elles bénéficient aboutit à de meilleurs résultats dans des classes purement féminines.

» contact : Laura Valero, responsable de communication d'Integras, Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.et Heidi Bühler, directrice, Sozialpädagogisches Zentrum der Stiftung Hirslanden et co-présidente des LIwJ (responsables d'institutions accueillant des adolescentes), Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser..